L’artisanat colombien a mille facettes ; chaque tribu, chaque région possède son savoir-faire et son histoire transmise de génération en génération. Mais s’il y a bien un art qui est reconnu en Colombie, c’est celui du tissage ! Il prend source dans plusieurs cultures et civilisations amérindiennes, et a parfois évolué avec l’arrivée des colons au 16ème siècle.
Ainsi, que ce soit à travers des sacs, des chapeaux, des hamacs ou même des ponchos, le tissage fait figure de véritable lien dans l’artisanat traditionnel colombien.
Cinq incontournables de l’art traditionnel du tissage en Colombie
Un peu partout en Colombie, que ce soit sur les cimes des Andes, dans le désert de La Guajira ou dans le golfe d’Uraba, vous trouverez des pièces tissées dans les règles de l’artisanat ancestral. Le tissage occupe une place très importante dans l’artisanat colombien et dans l’économie des tribus autochtones.
C’est un savoir-faire millénaire, partagé de génération en génération qui participe à perpétuer la culture des tribus. Par exemple, certains motifs comme les kanaas sont une véritable transmission au sein de la communauté Wayuu.
1. Le Chapeau Vueltiao de la tribu Zenú
Véritable symbole national, le chapeau Vueltiao est confectionné traditionnellement par la tribu Zenú depuis des milliers d’années. C’est une communauté indigène de la région du Rio Sinú, au nord-ouest du pays.
Il est élaboré à partir de « caña flecha », une plante tropicale typique de la région, ressemblant à la canne à sucre. Ces fibres sont ensuite transformées en motifs blancs et noirs (et quelques fois avec une touche de couleur) pour symboliser la spiritualité de la tribu Zenú, via les motifs créés et transmis de famille en famille.
C’est le nombre de « caña flecha » tissées qui déterminera le prix et la valeur d’un chapeau Vueltiao. Le Quinciano par exemple est le plus abordable, n’arborant « que » 15 bandes de « caña flecha », et le Veintisiete est le précieux, avec ses 27 rayures. Ce dernier demande jusqu’à 30 jours de travail ! Plus le chapeau sera rayé, plus il sera souple et de qualité.
Cette technique ancestrale de tissage de la tribu Zenú se retrouve également dans la fabrication de sac, de ceinture ou de bracelet.
2. Les ruanas, les ponchos des Andes colombiennes
Accessoire prisé de la région andine pour sa capacité à combattre les plus basses températures, le ruana et une pièce maîtresse de l’artisanat de la région de Boyaca. Ce vêtement, que l’on pourrait qualifier simplement de « poncho », est tissé selon un savoir-faire qui a traversé les siècles, à partir d’une laine de mouton ultra fine.
Cette technique de tissage fait la fierté des habitants de Boyaca. La ruana est le mélange des savoir-faire européens et indigènes ; à l’arrivée des conquistadors espagnols, sa confection a évolué, avec plusieurs étapes avant d’arriver à celle que l’ont connaît aujourd’hui.
On peut considérer la ville de Nobsa comme la capitale des ruanas ; tout le monde y porte la sienne, du plus petit au plus vieux ! Pour autant, la ruana n’est pas forcément bon marché… mais elle est l’assurance d’un produit de qualité, résultant d’un travail long et minutieux. On retrouve également des ruanas dans les villes de Iza, Firavitoba ou Villa de Leyva.
3. Les Hamacs de San Jacinto
Dans l’art du tissage, les colombiens sont aussi reconnus pour la confection des hamacs en tissus ; vous en retrouverez dans de nombreuses villes du bord de mer, souvent très colorés.
Pour autant, il y a une ville qui en a fait sa véritable spécialité : San Jacinto ! Située dans le département de Bolivar et non loin de Carthagène des Indes, vous pourrez y retrouver les hamacs les plus aboutis et les plus fins du pays ! Généralement très colorés, ils ont des dessins géométriques ou floraux ; plus le dessin du hamac est complexe, plus celui-ci est précieux.
Un seul hamac demande entre deux et six mois de travail selon la complexité de ses motifs ! Un travail de longue haleine, mais dont le résultat vaut le détour.
4. Las molas, une pièce fondamentale du patrimoine de la tribu Kuna
Entre la forêt du Darién et le golfe d’Uraba, dans les départements de Choco et d’Antioquia, la tribu Kuna possède un savoir-faire unique en son genre : l’art du tissage de la mola. C’est une pièce fondamentale dans la tenue traditionnelle des femmes de la communauté Kuna ; deux pièces de mola sont insérées devant et derrière la blouse. Elle est en tissu soigneusement tissée et très colorée, avec des symboles cosmiques. Mola signifie « plumage d’oiseau » en kuna.
Les femmes sont initiées dès 4 ans à cet artisanat ancestral dont la technique est tenue secrète. La création d’une mola prend entre cinq et sept jours. Et plus la pièce sera de qualité, avec des motifs plus complexes, plus la femme Kuna sera reconnue au sein de la communauté.
Le meilleur endroit pour trouver des molas est dans les villages de Capurgana et de Sapzurro, dans la partie caribéenne de la Colombie.
5. Les mochilas des Arhuaco
L’art du tissage des mochilas n’est pas seulement perpétré par les Wayuus ! Dans la Sierra Nevada de Santa Marta, le peuple Arhuaco confectionne des mochilas traditionelles depuis des siècles. Ces mochilas sont appelées « mochilas Arhuacas ». Elles sont fabriquées par les femmes de la communauté, qui apprennent ce tissage depuis leur plus jeune âge.
Ces mochilas sont similaires à celles des Wayuu par leurs formes, mais différentes par leurs couleurs et motifs. En effet, les mochilas Arhuacas sont dans les tons blancs, gris, bruns et noirs, et confectionnées à partir de matériaux comme de la laine de brebis, du coton ou de la fique, une fibre de plante locale.
Les mochillas y sont portées par les hommes de la tribu, et servent au transport des denrées alimentaires, des feuilles de coca ou des effets personnels.
On retrouve également des mochilas dans d’autres communautés comme la tribu Kogui, les Kankuamos ou encore les Wiwas.